Les origines
Bien qu’ayant près de 50 ans d’âge, notre Cercle n’est pas le plus ancien en France. Ce titre revient au Cercle généalogique de Paris, fondé dans les années 1950, qui est le prédécesseur de « La France généalogique ».
Le CGA, lorsqu’il fut fondé, était la cinquième en date des associations régionales de généalogistes amateurs.
L’idée en revient au Dr Jean Gruner, de Paris, qui était un habitué des Archives municipales de Strasbourg et des Archives du Bas-Rhin.Une première réunion put se tenir le 2 décembre 1967 dans la salle du service éducatif, devenue par la suite salle de lecture des microfilms, rue Fischart à Strasbourg. L’« assemblée constituante » comptait 21 membres fondateurs, dont Xavier de Saint-Seine, président du Cercle généalogique de Paris. Elle élut président Robert Lutz, vice-présidents pour le Haut-Rhin Philippe Mieg et pour le Territoire de Belfort Roger Boigeol. Le trésorier fut Franz Klee et Christian Wolff fut désigné comme secrétaire, vu sa position de conservateur aux Archives départementales du Bas-Rhin. Le siège fut fixé aux Archives du Bas-Rhin, avec l’accord de son directeur François Himly, malgré sa réserve à l’égard des généalogistes.
Des statuts, inspirés de ceux du Cercle généalogique du Centre, à Blois, furent mis bientôt en chantier. Christian Wolff fut chargé de lancer une revue trimestrielle à partir de 1968, très modeste et ronéotypée, pour servir de lien entre les membres. Les premiers temps, il s’occupait de tout : courrier, organisation des réunions trimestrielles avec conférence le samedi après-midi, excursion annuelle, rédaction et expédition du Bulletin, comptes rendus des séances du comité et de l’assemblée générale
L’âge d’or
A mesure que s’accroissait le nombre d’adhérents, le Bulletin devenait plus copieux. L’impression se faisait encore en ronéotypie.
Robert Lutz, qui se rendait souvent à Paris, représenta le Cercle à la Fédération française de généalogie et fit même partie pendant quelques années de son conseil d’administration. Avec Christian Wolff, ils formaient tous deux un « tandem » très uni. Au comité, Lucienne Lapointe fut longtemps le seul élément féminin et en outre une précieuse collaboratrice du Bulletin.
Les événements qui ont marqué les années suivantes méritent d’être rappelés. Ce fut d’abord, en 1975, l’organisation du congrès biennal de la Fédération française de généalogie à Strasbourg. Pour le Palais des congrès, c’était le premier qu’il accueillait dans ses murs. En même temps, une exposition de documents généalogiques et héraldiques fut montée pour l’occasion au Musée alsacien, en collaboration avec les Archives de la Ville de Strasbourg.
Dès cette époque, furent créées des sections du Cercle à Paris, par Georges Widmann en 1969, et à Mulhouse par Michel Schmitt.
En 1977, le comité voulut célébrer le 10e anniversaire du CGA par la publication de deux ouvrages dus à la collaboration collective de plusieurs de ses membres. Le premier était consacré à l’étude complète de l’ascendance d’Albert Schweitzer et le second à une monographie historico-généalogique de la famille de Conrad Alexandre Gérard, dernier préteur royal de Strasbourg et surtout le premier diplomate français auprès des jeunes Etats-Unis d’Amérique. Celui-ci parut pour le bicentenaire de leur indépendance en 1978, en même temps que le « Schweitzer ».
A la suite du congrès national de généalogie de Blois, notre section Ile-de-France, en veilleuse depuis le décès de G. Widmann, s’est reconstituée en novembre 1977, sous la houlette de Maurice Schermesser.
Avant les réunions qui se tenaient le samedi après-midi aux Archives du Bas-Rhin, était toujours proposé un repas pris en commun dans un restaurant du quartier. Le personnel du premier nous prenait pour des astronomes ou des astrologues (« Sternegickler »), du moins pour de doux rêveurs un peu fadas… Le comité se réunissait le matin, avant le déjeuner. Une excursion en car pour visiter les monuments et les sites remarquables était organisée pour la journée, avant la dispersion estivale.
Les trésoriers du Cercle, qui remplissent dans le comité la tâche la plus lourde, se succèdent : ils ont droit à notre souvenir reconnaissant : Adolphe Bourjat, puis René Bisch, Alfred Kettner et plus tard Michel Rhein.
Début 1980, le Bulletin change d’imprimeur et passe à l’offset sur papier presque glacé, ce qui lui donne un aspect plus séduisant. L’année suivante, encore sur l’initiative de Jean Gruner, est lancée une association filiale du CGA : le Portrait ancien d’Alsace, dont le but est de récolter des photos de portraits antérieurs à 1918 de personnes identifiées ayant vécu en Alsace. Ces documents sont cédés à la BNU de Strasbourg, département d’iconographie, où ils peuvent être consultés et reproduits sans que les propriétaires des originaux soient révélés. Le catalogue en est intégré à celui des collections et consultable sur le site Internet de la BNUS.
Vitesse de croisière et crise de croissance
Au cours de ces années 1980, le Cercle dont les effectifs passent peu à peu de 800 à 1000 membres, varie ses activités, grâce à la disponibilité et à l’enthousiasme d’une poignée de membres : stands aux congrès nationaux, cours de généalogie à l’extérieur, excursions, visites d’archives et expositions. Des liens se nouent avec le Centre généalogique mormon à Schiltigheim où nos adhérents vont consulter les microfilms extra-alsaciens.
Dans le Haut-Rhin, la section mulhousienne se montre particulièrement dynamique. Celle de Nice-Côte d’Azur connaît en revanche une brève existence. Celle de Saverne se maintient bien et à Munster et Saint-Louis s’en créent deux autres.
Au sein même du CGA circulent des listes d’ancêtres des membres, se constitue un fichier des meuniers d’Alsace et paraissent les index des patronymes des tableaux de 64 quartiers envoyés par les membres à la bibliothèque. Une « TUC », jeune femme en quête d’emploi, est embauchée pour la gestion de cette bibliothèque
Daniel Stehelin illustre le Bulletin de dessins, culs de lampe et armoiries et Philippe Wiedenhoff succède à Idelette Ardouin dans la délicate et minutieuse rédaction de son index triennal.
Arrive le 20e anniversaire du Cercle, évoqué dans le Bulletin 80, 1987, p. 359-360 et célébré le 28 novembre 1987 par une quadruple manifestation : une exposition « Un tour d’Europe généalogique » à la BNUS, montrant ses richesses manuscrites et imprimées en la matière, une autre au Centre généalogique de Schiltigheim sur les ressources offertes par les microfilms et l’informatique, un récital d’orgue en l’église Saint-Guillaume et un banquet, « illuminé » par un gros cierge commémoratif offert par Hélène Georger-Vogt.
Jusqu’alors les membres isolés, éloignés de l’Alsace et des activités des sections, n’avaient pas vraiment la possibilité de participer aux réunions. C’est en pensant à eux que fut organisé en mai 1989 le premier « colloque de généalogie alsacienne » au Bischenberg, étalé sur deux jours.
Le programme comprenait des séances plénières (communications présentées par des membres sur leurs travaux, table ronde, activités du Cercle), des ateliers et du temps libre pour les repas et les échanges. Le succès de cette formule a encouragé le comité à la renouveler chaque fois un peu différente, à Bergheim en 1992 autour du thème « Généalogie et histoire », à Schiltigheim en 1994 où l’informatique et Alexsys sont en particulier à l’honneur, à Saverne en 1996 où les communications sur le Kochersberg et la généalogie des familles juives marquent les esprits, à Baldenheim enfin en 1998 où Jean Paul Rastetter accepte de succéder à Robert Lutz à la présidence du Cercle.
Entre temps, la trésorerie est assurée provisoirement par Joseph Zimmer (1992-1993), puis Pierre Brobeck est élu trésorier en 1993. Le Bulletin est véritablement imprimé à partir de cette même année. Notons aussi la création du Centre départemental d’histoire des familles par André Ganter et Gérard Flesch, membres du comité, inauguré le 11 janvier 1992 à Guebwiller.
La tradition de l’excursion annuelle du CGA en car est abandonnée en 1994, faute de participation assez nombreuse, tandis qu’elle est maintenue par les « Mulhousiens ». Voici que deux sections nouvelles sont fondées, l’une au pied du Mont Sainte-Odile et l’autre à Strasbourg, promises à un beau développement.
Crise de croissance
L’année 1995 marque un tournant dans l’évolution du Cercle. Le président Lutz souhaite multiplier les sections de Wissembourg à Ferrette, de manière à couvrir toute l’Alsace sur le modèle de l’Union des Cercles généalogiques lorrains. Déjà le Territoire de Belfort, historiquement alsacien, s’était rapproché de plus en plus de la Franche-Comté. Des groupes de généalogistes locaux naquirent ça et là, à Guebwiller, à Sarre-Union, à Truchtersheim, à Ribeauvillé… souvent à l’initiative de membres du CGA. La tendance générale était centrifuge et visait à l’indépendance de ces groupes et sections. Ce mouvement fut initié par celle de Mulhouse qui se détacha du CGA et forma une association autonome. Bientôt après, fut constituée la Fédération généalogique de Haute Alsace qui regroupe aujourd’hui la plupart des associations du Haut-Rhin. L’option fédérative n’a pas été suivie par le comité du CGA. Toute cette évolution fut marquée pendant plusieurs années par des malentendus, des suspicions de mauvaises intentions et des raidissements qui nuisirent en fait au fonctionnement harmonieux que le Cercle avait connu jusqu’alors et à la bonne entente entre certains responsables. Cette atmosphère pesa longtemps sur les réunions du comité et il fallut attendre le changement des personnes pour ramener peu à peu la concorde. Somme toute, le CGA n’existe pas pour lui-même, mais pour l’entraide entre ses membres.
A présent, les relations avec les « frères séparés » sont redevenues cordiales.
C’est au président Jean Paul Rastetter que l’association doit le recrutement à plein temps de la secrétaire Véronique Muller qui, parfois à son corps défendant, est devenue peu à peu le point de convergence de beaucoup d’attentes et de demandes d’ordre généalogique et une pierre angulaire de l’édifice. Il est aussi l’initiateur de la section de Brumath, l’une des plus vivantes aujourd’hui. C’est également à cette époque que Pierre Marck prend la trésorerie en main, avec en plus diverses missions informatiques de sa compétence (fichier membre, site Internet, NMD, etc).
Développement et difficultés
Auteur d’un Manuel illustré pour la recherche généalogique et familiale en Alsace (1991), Claude Roll reçoit donc en 1999 les rênes du CGA, en même temps que Robert Lutz est élu président d’honneur. Les relevés systématiques des registres paroissiaux et de l’état civil commencent alors à paraître à un rythme soutenu.
Le président met en route le « Projet 2000 », comportant plusieurs bases de données, toujours en chantier. Celui-ci avance selon que des bonnes volontés compétentes se mettent à l’œuvre pour cela, tout en respectant certaines conditions déontologiques et des précautions anti-piratage.
En 2004, les fonctions de trésorier sont passées à Adèle Fenninger qui les assument depuis lors avec une rare bonhomie et la qualification d’une spécialiste.
L’histoire récente du CGA est plus connue. Le nouveau président élu en 2004, Romain Bornert, continue l’action de ses prédécesseurs en lui donnant sa touche personnelle. Les statuts du Cercle subissent une entière refonte. La tradition des « colloques » est reprise sous une forme moins lourde, en une journée seulement, mais annuellement à l’occasion de l’assemblée générale. Depuis novembre 2009, le CGA a déménagé au 41 rue Schweighaeuser.
Les locaux du Cercle sont à présent accessibles à ses membres pendant une plage horaire plus large, permettant ainsi une consultation facilitée de la bibliothèque et des importants dossiers qui ont été constitués au cours de ses longues années d’existence. Elle est gérée par deux bibliothécaires bénévoles, Blanche Duchatel et Jean-Claude Jacob, qui en outre se tiennent à la disposition des lecteurs et en mettent le catalogue à jour sur le site.
Depuis 2014, celui des périodiques est également consultable sur le catalogue général SUDOC des périodiques des bibliothèques de France, en partenariat avec la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.
Dans l’intervalle, on continue de travailler au CGA : le site Internet a été modernisé et amélioré, il est plus facile à consulter. Surtout, il a été sérieusement complété par de nouvelles bases de données et propose des avantages significatifs aux adhérents. Nous leur laissons le plaisir de les découvrir en le parcourant.
En 2013, le poste de président de l’association, laissé vacant par Romain Bornert, a été repris par Jacques Cérini, précédemment responsable de la section Ile-de-France. Bien que résidant à Paris, il a en Alsace un point d’attache favori, Dambach-la-Ville.
Il continue l’oeuvre de ses prédécesseurs et obtient de haute lutte la reconnaissance du CGA comme association sans but lucratif que lui contestaient les services fiscaux. Néanmoins, son éloignement de Strasbourg, siège du Cercle, et ses autres engagements l’empêchent d’être aussi souvent qu’il le souhaite sur place, notamment pour tenter de trouver de nouvelles ressources financières pouvant compenser la diminution du nombre des adhérents.
Celle-ci s’explique essentiellement par la numérisation des sources et la crise économique générale.
Face à un comité pessimiste sur l’avenir du CGA, le président Cérini, découragé, démissionne sans pouvoir trouver de candidat à sa succession.
Malgré cela, des signes de la volonté de perdurer se manifestent : la mise à jour progressive de l’index des patronymes du Bulletin, des catalogues de la bibliothèque et du site informatique est assurée. Le secrétariat se lance même dans la création du forum. Dans les chaumières, on ne veut pas croire à la dissolution du Cercle et le sursaut va venir de là où est né le Cercle : Strasbourg et ses environs.
Le renouveau
L’année 2015 marque un tournant. Le comité, en partie renouvelé, élit Bertrand Rietsch à la présidence. Retraité depuis peu et habitant près de Strasbourg, il se fait un devoir d’être chaque semaine présent au siège.
Sous son impulsion et par son inépuisable énergie, le bilan financier s’assainit et les activités du Cercle reprennent souffle et se diversifient avec notamment les sorties de printemps et d’automne, les réunions du comité élargi, les reportages télévisés, la recherche de mécènes…
Le site internet est rafraîchi et s’accroît de nouvelles rubriques, le forum se développe. Ce dynamisme se transmet dans les sections locales et se ressent à travers l’augmentation des adhésions et le retour d’anciens membres. En 2016, le CGA commence à publier une chronique dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, deux dimanches par mois, chronique qui paraîtra près de cinq années.
Le Bulletin trimestriel reste l’objet de soins particuliers et évolue, lui aussi. Sous l’égide de Bertrand Rietsch est créé un groupe de ré-flexion sur les axes de progression et le futur du Cercle à moyen terme.
Le jubilé du cinquantenaire du CGA est célébré à Châtenois les 7 et 8 octobre 2017 sous la forme d’un salon regroupant plus d’une vingtaine d’associations alsaciennes. L’idée va perdurer et devenir le Salon Alsacien de Généalogie qui a eu lieu en 2020 et qui se déroule depuis tous les deux ans.
En novembre 2020, pour garder le lien avec ses membres durant l’épidémie de COVID, la section Île-de-France lance son propre site internet Généalogie Alsace. Très vite, le blog, avec une à deux publications par semaine, devient un incontournable des recherches généalogiques en Alsace : quatre ans plus tard, il dépasse les 150 000 vues en France et à l’étranger.
Bertrand Rietsch rend son tablier fin 2021 après plus de six années de bons et loyaux services, mais il reste depuis en charge de l’organisation du Salon à la grande satisfaction de tous.
Le CGA ne reste pas longtemps sans président. En effet, Luc Adoneth, maire de Châtenois, mais généalogiste de très longue date, ancien membre du comité du CGA il y a une vingtaine d’années, est élu en janvier 2022 et prend la présidence du Cercle, en s’inscrivant dans la continuité du projet et des actions en cours.
Entouré de son équipe de bénévoles, il initie ou confirme quelques nouveaux projets : création d’une lettre mensuelle d’information appelée CGActu, dépouillement de l’état civil de Strasbourg (1873-1925), coaching et aide personnalisée aux adhérents débutants, mo-dernisation du site internet. Toutes ces actions sont en cours. D’autres sont déjà dans les têtes pour le futur.
Toutes ces énergies regroupées devraient permettre au CGA de rester un acteur essentiel dans la généalogie de notre belle région tout en fidélisant ses membres.
En décembre 2022, une nouvelle section « Sélestat Vignoble Vallées » rejoint le CGA.